Bon bin j'ai finalement réussi à emmener mon fils voir le film, il aurait préféré aller revoir Arthur et les minimoys avec ses cousins mais j'ai su me montrer persuasif.. en fait j'ignore pourquoi il m'a suivi, je lui ai assuré que le film qu'il allait voir serait certainement plus... étonnant qu'Arthur qu'en plus il avait déjà vu et que bon c'était dommage d'aller au cinéma revoir un film à deux semaines d'intervalle.
Bref, je l'ai vu avec mon fiston, il a bien aimé et se promène depuis avec l'affiche déchirée pour montrer à qui veut le méchant marteau et les "clés magiques". Que ces clés fassent référence à un univers musical le dépasse mais après tout il faut laisser les enfants baigner dans une part de mystère. Il faudra que je lui demande quel genre de portes ces clés ouvrent selon lui.
Bon l'histoire est la traditionnelle histoire d'amitié dans deux clans rivaux sauf que les personnages sont des instruments ; un membre des bois (piccolo) se retrouve paumé au pays des cuivres et se lie d'amitié avec Saxo. Ensemble, guidés par une petite note de musique (Do) ils vont aller cherches les Clés (Sol, Fa et Ut) qui ont été mystérieusement dérobées, disparition qui a causé la discorde dans l'orchestre symphonique.
Le couple va traverser des aventures en forme de sketchs, rencontre avec les cordes puis les percussions pour échouer enfin au "pays du silence" sorte de cimetière d'instruments. Il vont y découvrir que des outils menés par un diabolique marteau (genre marteau de tapissier) recyclent les vieux instruments dans une machine qui produit une "musique" mécanique, parodie de techno ou de musiques de synthèse type boum-boum. Les clés musicales ayant été kidnappées pour insuffler la magie de la mélodie dans le bazar (heu.. en fait je n'ai pas bien saisi pourquoi le marteau avait kidnappé les bêcheuses mais ça a assez peu d'importance en fait). Bon à ce point de l'histoire, Saxo reste courageusement pour protéger le trio de clés et le petit piccolo s'échappe de l'antre du marteau pour aller chercher de l'aide. Il parvient à réunir de nouveau l'orchestre pour reprendre les clés, mais on croit que Saxo il est mort, tout le monde y pleurs, l'orchestre se remet à jouer de concert et en fait Saxo il est pas mort. Houééé !
Vous vous doutez à la lecture du résumé que c'est pas l'histoire qui tient le spectateur en haleine, tout étant assez prévisible mais après tout on est sur des situations conventionnées, un peu comme la piteuse adaptation 3D du manège enchanté dont on est finalement assez proche.
Le problème c'est que le reste n'est pas vraiment mieux, le design des personnages oscille entre le désir de réalisme (les clés et anches des instruments, les matières qui permettent de les identifier) et le soucis de faire des personnages "cartoon" (couleurs vives, gros yeux placés pour faire une tête, membres - bras particulièrement - qui sortent de nulle part).
Pour communiquer la magie des clés elles sont personnifiées avec les attributs des fées : petites tetes, corps translucide et luminescent, voix outrageusement féminines.
L'animation est rigide (va faire bouger des bâtons...) ou mollassonne (le pied du saxo se tortille sur le sol, ils se tordent en tous sens, flottent ou sautillent...). Les mouvements de caméra trahissent une utilisation quasiment naïve de l'outil 3D avec de brusques mouvements d'une ampleur phénoménale...
Le pire est sans doute l'absence de véritable personnalité musicale, à part quelques principes vaguement évoqués (improvisation, gammes, portée..) la manière de jouer de chaque instrument n'est pas clairement audible même si on sent un désir de personnifier chaque famille par un thème musical, le tout est assez cacophonique et même plutôt quelconque.
Seul point réussi ; les décors adoptent un parti pris quasiment surréaliste avec des paysages aux végétations étranges et aux perspectives gigantesques façon grand canyon. Les univers sont colorés et variés mais n'évoquent pas trop la musique sous une forme traditionnelle en tout cas. Ca serait un joli sujet ; imaginer l'habitat d'un violoncelle ou d'un hautbois mais je doute que beaucoup aboutissent au parti-pris adopté par le film...
Je pense que le film aurait gagné à coller plus a l'univers des matériaux utilisés dans la fabrication des instruments, en gagnant en réalisme, quitte à perdre en expressivité, ça aurait permis de renouer plus avec la vocation initiale de la série Piccolo Saxo ; une initiation à la musique symphonique.
Car je ne pense pas que les mômes sachent reconnaître en une clarinette un cousin du personnage qu'ils ont vu dans le film, à part les percussions reconnaissables (et encore), les instruments ont été trop détournés pour créer des personnages de dessin animé aux attributs "classiques".
En gros la série a perdu son âme en se fondant dans un formatage cinéma 3D pour enfant tel que le conçoivent les industriels frileux. Et il aura beau avoir la caution culturelle (parrainage radio France) et nostalgique (beaucoup de grand parents avec leurs petits enfants dans la salle...) je doute fort qu'il connaisse ne serait-ce qu'un mini succès.
C'est couillon parce que l'univers avait un potentiel.
et je suis d'autant plus navré que passionné d'animation, essayant de voir et de faire voir ce qui sort en France, je me retrouve à dégommer des films qui témoignent d'une prise de risque et d'énergies dignes de respect. Mais franchement je doute que ce genre de produit soit à même de valoriser le savoir faire hexagonal. C'est digne d'une sortie straight to DVD, pas plus...
Bah
+
cé