Bonjour tout le monde,
Je lis régulièrement et avec plaisir le forum depuis quelques années, mais sans jamais (ou si peu !) avoir participé.
Alors voilà sur ce sujet qui m'intéresse aussi beaucoup je me décide enfin à pointer le bout d'mon nez !
J'ai vu aussi Sharaf, et je partage complètement l'avis de meule.
meule a écrit:
Bin justement, ce n'est pas en enjolivant une image que l'on fait un doc, je n'y vois aucun parti pris, aucune idée qui soit subjective. L'animation n'apporte rien dans ce cas.
Pour moi dans un documentaire (en dehors des films scientifiques ou didactique (encore que ?)), la question de la subjectivité est essentielle.
Que ce soit en prise de vue réelle ou en animation.
L'avantage avec l'animation, c'est qu'elle fait au premier coup d'oeil un pas de côté avec le réel. Mais ce n'est pas suffisant pour avoir un point de vue.
Pourtant certain y arrive remarquablement bien,
et c'est là où je ne suis pas d'accord avec cette citation (c'est Marcel Jean qui l'a écrite ?) :
La symbiose qui permettrait à l'animation de révéler ce que la réalité nous cache, ou qui permettrait à l'animation de se dépasser dans son rapport au réel, ne s'accomplit jamais.
Je pense au contraire que l'animation peut "révéler ce que la réalité nous cache", parce qu'elle passe justement par un moyen détourné.
J'avais d'ailleurs demandé à un réalisateur de film documentaire qui utilise l'animation dans ses films, Michaël Gaumnitz, si pour lui l'animation pouvait être une nécessité dans le documentaire.
Et il m'avait répondu, à propos de l'un de ses films,
L’Exil à Sedan :
Oui, là, la nécessité est vraiment très forte. De par l’histoire qui est la mienne, (...) il y a des choses qui ont été enfouies, occultées. Et puis c’est par la main… Je veux dire que c’est la main qui dessine, qui voit ce que l’esprit conscient ne perçoit pas. Et donc là, en travaillant, il y a des choses qui émergent par le travail de la main. Et comme c’est un documentaire qui va en quête d’un non-dit, de choses secrètes, voire inconscientes, eh bien, la main et le travail graphique jouent un rôle irremplaçable, ils deviennent des « acteurs » du documentaire.
C'est une des réponses, quand l'auteur du film est lui-même l'auteur graphique. Mais il y a plein d'autres raisons pour lesquelles l'animation peut devenir une nécessité, ou du moins être légitime dans un doc (chose que je n'ai pas vue dans Sharaf dont seule la voix off aurait pu suffire !)
(si vous êtes intéressés par lire l'entretien que j'ai eu avec Michaël Gaumnitz, n'hésitez pas à me dire. J'ai aussi écrit un mémoire sur le documentaire animé que je peux envoyer à la demande en pdf. Par contre il date de 2010, donc les références de films ne vont que jusque là ! )