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Ce long métrage est en compétition cette année à Annecy et sort même en salles dans la foulée début juillet en France. Comme je l'ai vu à la fête de l'animation à Lille il y a quelques semaines, je m'étais promis de le chroniquer.
Chico & Rita est réalisé par Fernando Trueba et Javier Mariscal, le premier est un producteur, scénariste réalisateur qui vient du live et du documentaire, le second n'est rien de moins qu'une légende de l'illustration et du graphisme, connu du grand public pour avoir été - entre autre - le créateur de Cobi la mascotte "tordue" des JO de Barcelone. Mais Mariscal est un plasticien polyvalent, peintre, sculpteur, je lui découvre ici un talent d'illustrateur et de réalisateur de film d'animation que je ne lui connaissais pas.
Le film est le faux biopic d'un imaginaire couple mythique du jazz cubain des années 50 inspiré quand même vaguement de personnages réels. Il commence sur le quotidien morne d'un pauvre cireur de chaussure. On se rend compte que ce vieux bonhomme esseulé est un pianiste mythique qui nous emmène dans un flashback au début des années 50, avant la révolution castriste, dans les rues animées de La Havane. Jeune pianiste prometteur, Chico traîne les boites de la ville, il fait le gigolo avec de riches américaines et vivote de sa musique. Il croise Rita, une escort-girl chanteuse vaguement prostituée pour lequel il a le coup de foudre, réciproque. Mais Chico est un homme à femme et le tempérament cubain au sang chaud est propice aux quiproquos amoureux, jalousies, disputes, retrouvailles.. le tout enrobé de la musique qui réunit le couple : elle chante et danse sur ses compositions et lui l'accompagne au piano. Elle est repérée pour sa voix et sa plastique par un producteur américain qui lui fait miroiter Broadway si elle se sépare de son pianiste sans avenir et accessoirement qu'elle passe par son lit. Sur un énième quiproquo elle accepte et s'en va en Amérique. Chico y émigre aussi, plus tard, avec les miséreux. Il rejoint une communauté de musiciens cubains et les jazzmen de légende de l'époque, fais les boites et des enregistrements qui resteront des références. Bon, je ne raconte pas la fin, assez émouvante mais prévisible.
Pas spécialement rigolo ni même gai, le film triture allègrement la fibre nostalgique. C'est un hommage appuyé au Cuba des années 50-60 avec tout son folklore, voitures américaines, architecture caractéristique, misère, richissimes propriétaires et touristes américains qui viennent s'encanailler. Un des personnages central du film est aussi la musique, omniprésente et j'avoue que ce type de jazz est loin d'être mon préféré. Sans être désagréable, la musique contribue à l'ambiance un peu douceâtre, lente, classique et je dirais presque ennuyeuse. Bon, c'est un avis personnel, je ne suis pas porté par la musique de Bebo Valdés qui double et inspire le personnage principal mais après tout le film ne s'adresse probablement pas aux seuls amateurs de cette musique, ça restreindrait drastiquement son public...
C'est finalement le sentiment que j'ai eu en sortant de la séance, j'ai passé un moment plutôt agréable mais sans en garder un souvenir impérissable et sans avoir spécialement envie de reproduire l'expérience. Ça tient sans doute à la musique mais aussi à cette histoire amoureuse que j'ai trouvé inutilement dramatique et peu crédible, avec la révolution cubaine à peine effleurée.
Et sinon, le reste ? L'ambiance graphique est ce qui me restera le plus de ce film. On a l'impression de naviguer dans des illustrations de Loustal, si, vous savez, cet illustrateur français qui a eu son heure de gloire internationale dans les années 80-90, sorte de Hopper des Tropiques. Le trait est épais, graphiquement stylisé, c'est pas vilain et colle bien au sujet, couleurs, décors et lumières sont superbes et dépaysantes. L'animation mêle 3D cellshadée et 2D traditionnelle et si les associations sont parfois un peu hasardeuses (la course poursuite) avec des glissements bizarres des personnages dans les décors et des modèles qui changent d'un plan à un autre, le résultat possède une poésie et une singularité qui accroche. Ni virtuose ni honteuse, l'animation se met au service de l'histoire.
J'encourage donc les adultes et ados amateurs de jazz cubain et d'histoires d'amour mélancoliques et orageuses à aller découvrir ce film en salles. Je souhaite que le film égale le succès du Buenavista SC de Wenders même si j'en doute un peu.
A noter que le film sortira aussi en BD et que la BO fera également l'objet d'une édition.
"Quand la raie manta, son nez s'allongit."
Les fourmis n'aiment pas le Flamenco, Auguste Derrière, Ed. Le Castor Astral
..avec un division de travail pas trivial du tout.
Il y a plus de information technique sur la production ici: Attention c'est de la pub pour la système de collaboration, mais intéressant quand même a mon avis, et oui, je travaille avec ça! http://www.hobsoft.net/cases/chico
Le service presse du film nous propose de faire gagner des places de ciné et des affiches pour aller voir Chico & Rita qui a reçu un accueil favorable, notamment de Télérama (pas taper...). Les cinq premiers à me contacter par message privé en me donnant leur adresse postale recevrons une entrée pour deux personnes pour aller voir le film assorti d'une affiche du film.
Top départ
+ c
"Quand la raie manta, son nez s'allongit."
Les fourmis n'aiment pas le Flamenco, Auguste Derrière, Ed. Le Castor Astral
Bonjour, j ai decouvert ce film d animation grace a un blog tres interessant sur la linguistique. http://actutraductionweb.blogspot.com/2 ... -sans.html Ce blog le montre aussi comme un depassement des frontieres linguistiques
De plus je pense que ce film d animation va plaire .