Je pense aussi que Zac a su résumer la situation qui me chiffonne tellement et cette appellation de "cinéma d'auteur" qui fait très prétentieux et pédant. Le nom "d'art et d'essai" lui va effectivement mieux... Souvent "essai" plus qu'art d'ailleurs le plus souvent
Bon ça va je taquine !!!
Juste pour répondre aux interrogations de Lamartine brièvement:
Je ne comprend pas bien ton raisonnement. Quand on a fait un certain nombre de court métrage on devrait cesser d'en faire pour laisser la place aux autres ? Heureusement que des liens se tissent entre des auteurs et des producteurs, c’est dans la logique d'une collaboration artistique et ça permet d'affiné une œuvre. Ce type de relations n'empêche en rien l’émergence de nouveaux talents.
C'est tout à fait normal qu'il y ait une relation de confiance qui se tisse entre un réalisateur et son producteur et j'ose espérer que le jour où j'aurais ton expérience, je pourrais moi aussi m'attendre non pas à pouvoir en vivre grassement mais plutôt à continuer d'en faire un... De temps en temps... Si possible... Aïe pas sur la tête!!
Le fait est qu'il y a plusieurs organismes qui aident à la création en France.... Mais ils ne sont pas si nombreux que ça. Et c'est en ce sens que je ne suis pas forcément d'accord quand tu dis que ça n'empêche en rien l'emergence de nouveaux talents. Pas tant qu'il leur marchent sur la tête mais si les budgets sont accordés de manière récurrente aux anciens... Fatalement ça laisse moins de place aux jeunes. On en revient au débat de la qualité du projet qui prime, de l'imparitalité du CNC etc...
De quels rapports parles tu ?
Mais comme je le disais, les rapports parlent d'eux mêmes. Et je parle des rapports d'attribution des aides du CNC avant la réalisation :
http://asset.rue89.com/files/aides_CM.pdfBon après faut googler : "les aides du CNC à la production de films de court métrage en" 2008-2009-2010-2011 etc... et télécharger les .pdf. On voit bien que ce sont régulièrement les mêmes sociétés qui remportent les aides.
Pour ce qui est de la réalisation des dossiers, le CNC à récemment mis à la disposition de tous des exemples de dossiers sur son site et ce afin d'orienter les néophytes.
Alors ça par exemple je ne le savais pas et je trouve que c'est une très bonne chose. J'ai du limite faire du piratage industriel pour avoir une idée de comment se présentait un dossier et je trouvais vraiment ça dommage qu'ils ne le fassent pas.
Les gens des commissions n'ont pas la science infuse mais leur point de vue se doit d'être bienveillant
as-tu déjà toi même fais une demande auprès du CNC ?
Alors justement, j'avais appelé pour avoir des conseils afin ne pas me louper et je suis tombé sur une dame on ne peut plus bienveillante qui a pris le temps de lire le dossier et de me faire un compte rendu sur chaque coquille mais elle m'a bien fait comprendre qu'il ne fallait pas que je me fasse trop d'illusion parce que dans le fond, le projet ne correspondait pas vraiment à ceux qu'ils avaient l'habitude de soutenir. Je savais que si le projet se faisait recaler, je ne pouvais plus le re présenter... Je l'ai travaillé à mort en essayant de faire au mieux et entre temps, j'ai eu la bonne surprise (j'ai vite déchanté) d'avoir été retenu pour passer devant un jury pour l'attribution de l'aide de la fondation Lagardère. A partir du moment où je me suis fait boulé à coup de "On est déjà entouré de technologie au quotidien, je ne suis pas sûr que les gens aient envie de voir un film qui traite de ce sujet", de "ouais c'est un mec qui danse dans sa salle de bains so what?" et de l'ultime "Mais je ne comprends pas pourquoi vous sollicitez une aide pour faire ce film... Pourquoi vous ne le faîtes pas sur votre temps libre avec des amis?" J'ai carrément baissé les bras et je n'avais plus la force morale pour me prendre des réflexions du genre face à n'importe quel autre jury bienveillant.
Oui tout à fait. On se regarde le nombril en se congratulant mutuellement de notre incommensurable talent... La salle est vide, l'intérêt du public inexistant et notre mépris pour le reste du monde, insondable ...
Je ne dis pas que tous les films sont dénués d’intérêt. Annecy reste un des plus gros festival international d'animation et l'engouement des gens reste inébranlable. Après j'imagine qu'on ne fréquente sûrement pas les mêmes professionnels du milieu de l’animation (je n'ai pas su tourner la phrase autrement mais il ne faut y voir là aucune impertinence ou insolence... juste un fait), mais de mon côté, les gens sont toujours aussi motivés à aller à Annecy chaque année et de moins en moins à assister aux séances de court-métrage en compétition. Moi même qui suis un inconditionnel du cinéma d'animation sous toutes ses formes, j'ai de plus en plus de mal...
Pour prendre un exemple frappant, l'année dernière, je me suis offusqué de voir un célèbre cartoonist gore américain que tout le monde connaît, être sélectionné pour un film de 14 secondes qu'il avait fait il y a 20 ans et que sa femme a retrouvé dans les cartons, remonté, et inscrit à Annecy. Le film montrait un femme (princesse?) attendant son marin de mari (prince) revenir sur un bateau. Elle l'attendait sur le haut d'une falaise et lorsque le bateau au loin passe au même niveau dans l'écran que la tête de la princesse, la proue lui crève l'oeil, elle hurle et il y a du sang partout. Fin. 14 secondes. Célèbre cartoonist gore américain considéré comme un Dieu par certains. Sélectionné en court-métrage en compétition.
Heureusement, dans la même sélection, l'excellent "Una furtiva lagrima" de Carlo Vogele était là pour me faire retrouver le sourire.
A côté de ça, les Planktoon sortent "Réflexion" qu'ils co-réalisent de manière totalement indépendante, innovant artistiquement, qui remporte le 1e prix au Siggraph, shortlisté à la base pour les Oscars, et recalé à Annecy. Idem pour "dripped" de Léo Verrier qui se retrouva quand même dans les courts-métrages hors compétition et qui fut lui aussi shortlisté pour les Oscars.
L'argument des anciens qui n'empêchent en rien les nouveaux talents d’émerger en prend un sérieux coup.
Encore une fois, les critères de sélection et la comparaison entre auteurs est hautement subjective et j'avoue que parfois, les choix faits en ce qui concerne le festival d'Annecy me déroutent. Que ce soit pour les aides du CNC ou pour les sélections des films à Annecy, j'ai comme l'impression qu'il y a une tendance générale relativement commune. Est-ce que ce sont les mêmes personnes qui cumulent les mandats et tirent les ficelles ou bien? Si jamais quelqu'un à une explication à m'apporter pour éclairer ma lanterne, je suis largement preneur!!
Pour en revenir au sujet du CNC et de la catégorisation des genres, je pense que tout est dit ici :
4/ Le CNC finance le film d'auteurs. Tout dossier du type film de genre faisant appel à des clichés sera systématiquement rembarré.
Le but n'est pas de faire une liste des films qui ont été financés ou pas par le CNC, qui l'auraient mérités ou pas. La liste serait longue, non-exhaustive et ça ouvrirait la porte à des débats interminables qui auront plus leur place autour d'une bonne bière lors des jeudis des fous d'anim' ou pendant le pique nique sur le paquier que sur un forum. De toute évidence il est pratiquement impossible d'imaginer ce que donnera un film tant qu'il n'est pas fait, et la différence entre le dossier qu'on présente et le film fini peut-être amoindrie par le réalisateur car c'est ce qu'il avait à peu près en tête depuis le début, mais c'est moins évident pour les membres d'un jury quelconque de se projeter entre ces deux étapes. Ce qui a de bien en revanche (dans le principe du moins) c'est d'accorder un prime à la qualité aux films qui n'auraient par reçu l'aide avant la réalisation.
Bref, tout ça pour dire que je trouve dommage que l'aide avant la réalisation se cantonne à une catégorie de films (qu'on ne saurait nommer) et écarte d'emblée ceux qui ne s'approcheraient pas de cette tendance. Svankmajer et Tex Avery sont tous les deux des légendes de l'animation et du court-métrage, il n'empêche que je suis prêt à parier très cher que l'un des deux aurait plus de facilités à obtenir les aides du CNC aujourd'hui.
D'où mon enthousiasme pour le crowdfunding et les systèmes de financement participatif et alternatifs contournant les schémas classiques!!