Je n'ai pas écris que le marché était saturé, j'ai juste émis un doute sur les capacités d'absorption du
marché du film d'auteur des candidats des écoles diverses et variées de France qui s'affichent dans cette dimension expérimentale. En France on est assez verni question financement du court métrage, je sais que certains considèrent ça comme une grossierté de parler de marché mais il y a tout de même une manne étatique via le CNC et autres organismes régionaux que se partagent les auteurs pour financer leurs films. Ça forme, avec les pré-achats des chaines, une forme de marché qu'il faut prendre en considération lorsqu'on forme des professionnels qui vont entrer dans ce milieu.
Certes il y a de la place pour tout le monde et le marché, sous sa forme la plus sauvage et concurrentielle, régulera par la sélection les différents projets. Et je ne parle pas des formes autoproduites dont je fais partie en tant qu'auteur.
Je ne suis pas sur de ce que j'affirme mais il me semble qu'il y a un parallèle qui peut être fait avec la formation du graphisme en France. Les statistiques de la MDA sont assez éloquents dans le domaine. Dans les années 1990, pas mal de formations ont éclos ce qui occasionné une explosion du nombre de graphistes en France. Et on parle ici du graphisme "auteur", indépendant, pas en agence, équivalent du réalisateur d'animation.
Graphique issu de Les métiers du Graphisme du centre Pierre Naville, Université d'EvryA priori c'est pas plus mal d'avoir plus d'artistes et le marché, qui a lui aussi évolué et explosé - internet, développement culturel - s'est adapté au nombre croissant d'offre. Il faut tout de même dire que la rémunération a baissé en conséquence et que la concurrence et les pratiques en ont pâtis. Et je ne suis pas sur que depuis les années 1990 on ait plus de beaux graphismes dans notre quotidien...
Donc notre inquiétude en tant qu'enseignants c'est de voir un marché devenir de plus en plus concurrentiel pour les 15 étudiants que nous formons par an. Après bien sur il y a l'étranger et beaucoup de nos étudiants partent ensuite - ou après une formation complémentaire - en Belgique, en Angleterre, en Espagne, en Italie ou en Ukraine pour ne citer que les principaux. Après il y a aussi l'industrie du dessin animé, du multimédia, du jeu vidéo ou du motion design qui sont aussi un vivier non négligeable mais qui demandent des compétences assez précises et qui a lui aussi ses problèmes d'emploi.
Il me semble que l'erreur à ne pas commettre c'est de considérer un DMA comme des Beaux Arts ou des Arts Déco qui vont permettre à des auteurs de s'épanouir et de se forger une identité. Certes ça l'est un peu mais c'est aussi et surtout une formation de l'Education Nationale, BAC+2, qui accueille des bacheliers de 17 ou 18 ans, pas toujours matures, scolaires, qui peuvent théoriquement enchainer sur une formation universitaire ou Niveau II (DSAA), qui peuvent aussi décider de faire autre chose. Un DMA ça n'est que deux ans, ça permet de prendre des choses et d'aller voir ailleurs, je défend aussi une formation de la mobilité contre la professionnalisation à outrance.
Depuis l'ouverture des différents DMA en France, on a vu notre recrutement changer, on pioche maintenant de plus en plus dans nos listes d'attente alors qu'avant les 15 sélectionnés en juin faisaient la rentrée en septembre.
Donc vous aurez beau dire, nous ça nous inquiète un peu.

Mais bon, si je suis inquiet en tant qu'enseignant, ce que je lis sur
http://experimentanimation.fr m'enthousiasme en tant que citoyen soucieux d'une Education Nationale qui offre des formations de qualité et aussi en tant que futur spectateur.
Bon, pi j'ai hâte de voir
l'homme au bonbon, hein.
+
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