Il me semble qu'il a sa place ici et mérite d'être lu!
De l'Aristocratie dans le Spectacle.
Petites gens, oyez. Depuis quelques semaines, l'aristocratie du Cinéma crache sur la place publique ses différends sur les magots, rentes et officines dont ils ont l'exclusivité. Les sommes évoquées, indécentes, honteuses, donnent le tournis. Le partage ne leur convient plus. Certains en veulent plus. D'autres n'en veulent pas moins. La lutte des places remplace la lutte des classes.
Le Marquis de Maraval défend le Baron Depardieu - compagnon de chasses et de banquets - et attaque a travers d'autres noms le système français de subventions au cinéma, la Duchesse Deneuve et la Reine Jeanne, offusquées, accusent le gueux Torreton d'être un jaloux, les Fils-de et Fille-de, bien né(e)s avec une cuillère en argent dans la bouche, défendent leurs parts du gâteau, et trouvent scandaleux que l'on cite des noms, et des chiffres, quand même, la délation !
Colère !!!
Qui parle ? Les grands comptes comme on dit dans les banques. Ce qui ont droit a beaucoup de facilités, de passes-droits, de fidélités rémunérées. Qui se payent grassement et trouvent cela normal. Que disent ils ?
Il y a deux débats - sinon plus - dans cette soupe médiatique.
1/ le salaire des artistes (sur lequel je ne reviendrais pas et qui ne concerne pas l'immense majorité des comédiens et techniciens) 2/ le système de soutien au Cinéma.
Les films que nous produisons - courts métrages et documentaires - se font grâce à la politique de soutien à la Création. Nos films sont des oeuvres et pas des produits. Sans aides, ils n’existeraient pas, et nous n'existerions pas. Nous ne faisons pas de la télé hamburger, de celle qui rend les cerveaux disponibles à la publicité.
L'argent de ces subventions est pris sur les entrées cinéma, les CA des chaines et même des fournisseurs d'accès internet. Il est redistribué par des commissions faites de professionnels, comme nous, dans un système loin d'être parfait mais qui a la vertu d'être démocratique et largement transparent. Remettre en cause ce système qui a fait ses preuves, c'est foutre en l'air nos vies et nos films. C'est laisser le commerce seul décider de ce qui mérite d'exister.
Nous sommes beaucoup a travailler dans ces métiers du spectacle. A survivre. Depuis la réforme de l'intermittence en 2003 des milliers d'entre nous ont basculé vers les RSA et autres allocs de fins de droits. Le statut des intermittents, qui permet à l'ensemble de la création de se maintenir - et particulièrement les petites gens du spectacle vivant, du court métrage, du documentaire, du cinéma d'auteur - est annoncé en danger. Préparez vous à vous battre. Sous couvert de ce débat biaisé, le risque est grand de voir une fois de plus notre statut - notre existence même, mise en danger.
Et ils parlent de leurs millions.
Et nous mangeons des spaghettis.
Et nous continuons a aimer ces métiers.
Et ils les salissent par leur argent (l'argent de la publicité est il sale ?)
Et leurs films commerciaux puent.
Et les notres se parfument à la dynamite.
Le site de Lardux ->http://www.lardux.com/