aurelien a écrit:alors attention, nico, je vois une distinction entre "militantisme" et "engagement". je ne crois pas que choisir de faire des films soit un acte particulierement militant, non. En revanche c'est pourquoi pas une forme d'engagement. Bien sur en france, à notre époque, faire des films est une chose assez facile, donc on peut tiquer sur mon arguement. mais il suffit de prendre l'exemple d'un réalisateur iranien ou de n'importe quel pays ou la liberté d'expression n'existe pas, et ou il n'y a aucun moyen pour faire des films. Quand des gens décident d'y faire des films malgré tout, j'y vois un engagement très fort. c'est un choix de vie, et parfois une lutte. C'est pour moi une sorte d'engagement ultime... certains realisateurs risquent leur vie en faisant des films.
Tout à fait d'accord. Aucun doute pour moi que faire un film en Iran, en Syrie ou dans bien d'autres pays est un acte engagé (y compris pour faire de la propagande. c'est un engagement!), et je suis sacrément impressionné par ces gens. je me demande même parfois comment certains peuvent encore oser en faire.
mais je parlais bien d'être auteur chez nous, et ça n'a absolument rien à voir. ces réalisateurs peuvent vraiment nous servir d'exemples.
aurelien a écrit:Apres tu as l'air de penser qu'il ne suffit pas (en France, je suppose). je respecte ça, mais je serai moins tranché sur la question. En tout cas je ne ferai pas peser ce manque de films "engagés" aux auteurs eux-mêmes... En art comme il a été dit plus haut, on devrait avoir tous les droits, y compris celui de ne pas s'engager, ou de ne pas aborder les questions de societés... Libre à ceux qui se sentent investis par une cause de prendre d'assaut la caméra et utiliser les outils du cinéma. Si on déplore un manque de films engagés, je pencherai pour un manque d'engagement dans la societé, tout betement. Et que la "scene" des courts metrages, des longs, animés ou nom, de l'année n'en sont que le reflet. "toute société a les films qu'elle mérite" pour paraphraser le sous-titre d'un film français.
Je suis tout à fait pour l'idée que personne n'a le devoir de s'engager. Et pour que ça soit efficace, il faut croire en son engagement. Sinon ça donne des choses plates et sans grand intérêt. Je pense que pour réaliser des œuvres engagées, il faut l'être dans la vie. Alors peut être dans ce sens as tu raison, et que la société elle-même est moins encline à s'intéresser aux problèmes qui l'entoure. C'est bien ce que je regrette.
Mais je pense aussi quand dans des milieux artistiques, les gens sont censés avoir une ouverture d'esprit plus grande que la moyenne de la population (de par un minimum d'éducation auquel tout le monde n'a pas accès, une culture qui nous enrichit, un environnement stimulant). Et c'est tout de même ce que j'ai toujours pu vérifier dans les différents secteurs du spectacle dans lesquels j'ai œuvré. Pour moi, il serait bien que cette ouverture soit accompagnée d'une prise de conscience de l'importance qu'ont les gens qui font la culture. Que le regard du public (large) peut être peu à peu transformé pour changer un peu les mentalités, et que nous sommes dans une position plutôt stratégique pour le faire, même si c'est trè dur à faire. C'est peut être utopiste selon beaucoup mais c'est ce dans quoi j'ai envie de croire et ce pourquoi j'ai envie de faire des films. Et je ne parle pas là de militantisme. Je ne parle pas que de faire des films politiques.
Quand je parle d'engagement, je parle de tout ça. Alors après, encore une fois, libre à tout le monde de faire les films qu'il veut, et je n'en bannis personne. On a besoin de cette variété. Je fais juste ici un constat personnel d'un manque que je déplore.
Pour en revenir au docu, pour moi il est aussi évident que les frontières sont bien floues. J'avais lu un dossier intéressant sur l'écriture de documentaire dans un Positif datant d'1 ou 2 ans. Ou ils croisaient justement les films de fiction et documentaire en montrant que certains étaient vraiment difficiles à classer. Et c'est une tendance qui s'accélère avec le brassage des formes et genres.
Et comme tu le dis Mariepaccou, tout documentaire est subjectif. C'est ce qui doit faire la différence avec un reportage. A partir du moment où un auteur travail sur un sujet, il va y mettre son point de vue et orientera donc le sens de son film. Avec ou sans animation. Il suffit de voir ce qu'on peut faire avec le montage pour comprendre qu'un documentaire peut être une vision très subjective.
D'ailleurs, le reportage nécessitant aussi du montage, on peut parfois douter de leur objectivité!