par cé » Dim Nov 27, 2011 4:44 pm
Pas d'effeuillé au roquefort pour moi, une simple omelette, avec des enfants affamés qui m'ont tiré de la salle de cinéma sans même avoir le temps de saluer Meule dont j'ai reconnu le crâne cokien.
Je rejoins Meule dans son analyse, je suis entré dans le tableau avec beaucoup de plaisir et même de sensualité.
Je suis très sensible au discours social et culturel, de grands thèmes sur la destinée et le libre arbitre, les luttes de classes, la créativité, le doute, l'inspiration. Un rythme posé mais sans temps mort, un spectacle coloré, mobile, intelligent.
J'ai même frissonné à quelques moments, des instants de grâce magiques, la première chute du tableau (l'affiche), la brèche derrière le carton à dessin, les pas dans l'herbe...
J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de la mort vénitienne, fluide, impressionnante, une belle animation toute en vivacité avec une gestuelle bien sentie.
Les passages dans l'atelier sont aussi très bien, pas de troidé mal fichue, d'incrustation moche, c'est chouette et très crédible.
Cotés points noirs je dirais que cette fulgurance d'animation n'est hélas pas présente partout dans le film qui a des cotés très inégaux. Je ne suis pas en phase avec pas mal de design (le tambour au gros postérieur, l'amoureuse aussi gracile qu'un bloc de bois...) et quelques animations sont un peu cheap. J'ai eu aussi l'impression que le château du tableau était le même que celui des singes où on trouvait d'ailleurs aussi cette opposition haut-bas, fini pas fini.
Enfin la peinture dont il est question ici est très datée, Gauguin, Dufy, Chagal, Cezanne... avec quelques incursions Picasso mais très sages.. Si le peintre dit que le croquis est parfois plus beau que le tableau fini, on est quand même dans un classicisme très populaire, on ne dépasse pas le fauvisme... Sans parler du carnaval vénitien bien pompon aussi. Poser la problématique de la peinture actuelle, celle qui interroge le support, l'objectif de la peinture, même si ç'avait été effleuré, aurait été intéressant. Les toiles lacérées de Fontana, les tableaux retournés...
Quant à la fin, ! SPOIL ! on est dans l'archétype complet, ce créateur manque d'aspérité... ce béret, cette barbe... ça tue quand même. ! SPOIL !
Sinon j'ai trouvé la musique un peu trop ecclectique pour le coup, si elle est agréable la majorité du temps, elle souffre aussi de quelques facilités (la harpe... bon sang..)
Mais je trouve que ce film est un superbe spectacle pour les enfants. Une ode à la création, colorée et subtile, un "toy story au Musée d'Orsay", avec cette angoisse subtile de la recherche du créateur, ce doute instillé tout le long du film qui en fait une superbe réflexion sur la vie et en fait un spectacle agréable aux adultes.
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"Quand la raie manta, son nez s'allongit."
Les fourmis n'aiment pas le Flamenco, Auguste Derrière, Ed.
Le Castor Astral