Je suis donc allé le voir en relief en avant-première.
L'ensemble est plaisant mais un peu mou. J'aime bien les designs et les décors, c'est chouette dans le genre collection de clichés sur le Paris de 1911. La référence
fantome de l'Opera et
double assassinat dans la rue Morgue est gentiment privée de tout ce qui est choquant. Le monstre ne fait pas peur longtemps et la manière dont tout apparaît et se goupille est assez bien mené. Mais bizarrement il y a un je-ne-sais-quoi qui rend le film un peu ennuyeux. Je ne sais pas si ça tient au manque de gags ou à la réalisation un peu lache, pourtant les personnages sont attachants (spécialement le nasique du botaniste), le scénario est pas vilain, l'animation tient bien la route, le doublage est bien...
Je redonne le pitch : deux amis, un jeune projectionniste de cinéma un peu timide et un livreur gaffeur exhubérant manipulent les produits d'un étrange botaniste en voyage. Ils créent un Monstre qui va errer dans un Paris inondé et semer la terreur. Mais le monstre a des talents de musicien, recueilli par une artiste de cabaret, amie des deux olibrius du début, il est caché de la vindicte policière par les trois amis.
Le méchant est le Préfet de police, un personnage tellement caricatural qu'il en perd toute crédibilité. La séquence finale - assez efficace - se joue sur la tour Eiffel, cliché oblige.
Ce que j'ai trouvé décevant est le manque d'un traitement plus marqué, caricatural ou typé. On sent un peu le produit aseptisé pour l'export. Le Paris de 1900 aurait pu être plus franchement canaille, il est propret, rangé, grisâtre et surtout dépeuplé, les rues sont vides et il y a très peu de personnages secondaires.
L'autre truc qui me semble discutable c'est le casting musical. je trouve que
M, malgré toute l'admiration que j'ai pour l'artiste, n'est pas vraiment à sa place ici. 1911 c'est plutôt le musette, La valse brune, Sous les ponts de Paris, le titi parisien et l'accent parigot de Bruand, pourquoi pas aussi le Pétomane Pujol qui officiait ces années là. A la limite un coté Django - même si plus tardif - aurait été plus pertinent, Sanseverino m'aurait semblé plus à sa place que les voix un peu fluettes et fades de
M et de
Vanessa Paradis (cette dernière étant cela dit très correcte dans le doublage). D'ailleurs au passage que la bestiole soit virtuose en instrumental c’est plutôt sympa mais qu'elle s'exprime par petits crissements et qu'elle se mette tout à coup à chantonner avec la voix de Mathieu Chedid est pour le moins décontenançant. Nan, il y a plus de pèche dans
French Cancan, le film de
Renoir, que dans le Monstre à Paris où on a l'impression que la capitale se réduit à un cabaret de Montmartre dont le numéro unique est un tour de chant minimaliste d'une seule chanson (le public n'est pas spécialement exigeant).
Bref, malgré ses grandes qualités artistiques, le
Monstre à Paris ne m'a pas séduit par ses qualités filmiques, il y a quelques bons moments, je m'y suis un peu ennuyé, tout comme ma femme, mais le principal est probablement que mes enfants aient aimé.
Petite dédicace spéciale à
CIP : le seul truc qui m'ait fait hurler de rire est un jeu de mot bien branque. Je le donne parce que ceux qui n'iront pas le rateront, et ceux qui iront risquent de le laisser passer : la voiture du livreur est hissée à la verticale et perd son contenu dont le chariot à deux roues qu'il utilise pour les livraisons. La fille crie "Mon Dieu !" le livreur "Mon diable !".. hu hu, je me demande comment ils vont la traduire celle-là.
J'ai aussi été déçu par un gag foiré qui était pourtant prometteur, celui de l'Hélium. Comprendra qui l'aura vu.
Ha et puis le relief est sans intérêt. Enfin selon moi. J'aurai préféré un film 2D avec les designs montrés au générique de fin d'ailleurs... hé.
+
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